L’année 1917 fut un tournant majeur dans l’histoire russe. Emporté par les tourmentes de la Grande Guerre et plongé dans une crise sociale profonde, l’Empire tsariste vacillait sur ses fondations. Les défaites militaires successives, l’inflation galopante et les famines sévissant à travers le pays avaient engendré un mécontentement grandissant au sein de la population. C’est dans ce contexte bouillonnant que s’est déroulé le Putsch de Kornilov, une tentative avortée de renverser le gouvernement provisoire par un général conservateur et d’instaurer une dictature militaire.
Les origines du complot : entre monarchie et République
Le Général Lavr Kornilov, héros de la Première Guerre mondiale et fervent partisan de l’Empire tsariste, considérait le gouvernement provisoire comme inefficace et trop conciliant envers les mouvements révolutionnaires. Il voyait dans ces derniers une menace pour l’ordre établi et l’intégrité du pays. Convaincu que seule une main forte pouvait sortir la Russie de sa crise, Kornilov complota avec un groupe d’officiers fidèles afin de prendre le pouvoir.
Son objectif était clair : écraser les Soviets, restaurer l’autorité militaire et instaurer une dictature avec lui-même à sa tête. Il espérait ainsi mettre fin aux troubles civils et mener la Russie vers une victoire dans la Grande Guerre. Kornilov croyait sincèrement agir pour le bien du pays, aveuglé par ses convictions monarchistes et son aversion profonde envers les idéaux révolutionnaires.
Un coup d’État mal préparé : la faiblesse des plans de Kornilov
Malgré sa détermination, Kornilov se lança dans cette aventure sans un plan clair et précis. L’organisation de l’opération fut chaotique et marquée par des communications confuses et une coordination insuffisante entre les troupes impliquées. De plus, il sous-estima la capacité du gouvernement provisoire à réagir et son soutien populaire auprès d’une partie significative de la population russe, notamment les ouvriers et les soldats.
Kornilov comptait sur le soutien de plusieurs divisions stationnées près de Petrograd, la capitale, pour mener son coup d’État. Cependant, ses plans furent rapidement dévoilés au gouvernement provisoire par des déserteurs. Face à la menace imminente, le ministre de la Guerre Alexander Kerenski prit immédiatement des mesures drastiques pour contrer Kornilov et ses partisans.
La réaction du gouvernement provisoire : une lutte désespérée pour sauver la démocratie naissante
Kerenski, convaincu que le Putsch représentait un danger mortel pour la jeune République russe, mobilisa tous les moyens à sa disposition pour empêcher Kornilov de prendre Petrograd. Il lança un appel à l’unité nationale et appela les soldats, les ouvriers et les citoyens à défendre la démocratie contre une menace réactionnaire.
Son discours ardent fut suivi par de nombreuses manifestations populaires qui exprimèrent leur soutien au gouvernement provisoire. Face à cette résistance inattendue, Kornilov perdit progressivement le contrôle des troupes qui se retrouvèrent divisées entre leurs fidèles et ceux qui refusaient de s’engager dans un coup d’État illégal.
La fin du Putsch : Kornilov face aux conséquences de son acte
L’armée, initialement fidèle à Kornilov, commença à hésiter lorsqu’elle réalisa les risques qu’un régime militaire représenterait pour la Russie. Le soutien populaire en faveur du gouvernement provisoire se renforçait tandis que Kornilov perdait pied. L’intervention des troupes fidèles au gouvernement de Kerenski brisa définitivement la tentative de coup d’État.
Kornilov fut arrêté, jugé et finalement exécuté en 1917. Son Putsch échoua non seulement à atteindre ses objectifs mais eut également l’effet inverse. Il renforça le pouvoir du gouvernement provisoire, galvanisa le soutien populaire pour la révolution et précipita les événements qui mèneraient à la prise de pouvoir par les bolcheviks quelques mois plus tard.
Conclusion : un tournant crucial dans l’histoire russe
Le Putsch de Kornilov fut un épisode crucial dans l’histoire de la Russie du XXe siècle. Cette tentative de coup d’État, bien que échouée, révéla la fragilité du gouvernement provisoire et les tensions profondes qui rongeaient la société russe après la chute de l’Empire tsariste.
Kornilov, aveuglé par ses convictions monarchistes, sous-estima la force des mouvements révolutionnaires et le désir populaire d’un changement radical. Son action précipita la crise politique et ouvrit la voie à la prise de pouvoir par les bolcheviks dirigés par Lénine en octobre 1917.
Le Putsch de Kornilov reste un témoignage fascinant de la violence et de l’instabilité qui ont marqué cette période tumultueuse de l’histoire russe. Il illustre également la complexité des enjeux politiques qui se jouaient à l’époque, entre les partisans d’une démocratie naissante et ceux qui rêvaient d’un retour à une Russie autoritaire.
Tableau récapitulatif :
Aspect | Description |
---|---|
Contexte | Première Guerre mondiale, crise sociale et économique en Russie |
Motivations de Kornilov | Restauration de l’ordre, opposition aux mouvements révolutionnaires |
Planification du Putsch | Faible organisation, coordination insuffisante, sous-estimation du gouvernement provisoire |
Réaction du gouvernement provisoir | Mobilisation populaire, appel à la défense de la démocratie |
Conséquences du Putsch | Échec de Kornilov, renforcement du gouvernement provisoire, accélération de la révolution bolchevique |
Le Putsch de Kornilov reste un épisode fascinant et instructif de l’histoire russe. Il montre comment une tentative de coup d’État, malgré son échec initial, peut avoir des conséquences profondes sur le cours des événements. En ce sens, il offre une réflexion précieuse sur la fragilité de la démocratie face aux forces conservatrices et antidémocratiques.