La révolte des Coptes en Égypte: Une flamme de résistance religieuse face à la politique fiscale du califat abbasside

L’Égypte du IXe siècle était un territoire aux multiples facettes, où la tradition pharaonique côtoyait les influences arabes apportées par la conquête musulmane. Le califat abbasside, établi à Bagdad, gouvernait l’immense empire islamique, et l’Égypte en était un joyau précieux, source de richesses grâce à sa fertile vallée du Nil.

Mais derrière cette façade prospère se cachaient des tensions profondes. La population copte, héritière des chrétiens d’Égypte, subissait une pression croissante de la part du pouvoir musulman. Des mesures discriminatoires, notamment fiscales, ciblaient les Coptes et exacerbaien

t leur mécontentement. Cette situation explosive atteignit son apogée en 829-830 avec la révolte des Coptes.

Cette révolte, bien qu’elle soit restée dans l’ombre de grands événements historiques, représente un exemple fascinant de résistance religieuse et sociale face à une politique oppressive.

Causes profondes d’une agitation populaire:

La révolte des Coptes ne fut pas le fruit du hasard. Des causes structurelles sous-jacentes ont contribué à créer un climat propice à l’insurrection:

• Pressions fiscales disproportionnées:

Le gouvernement abbasside imposait des taxes plus lourdes aux Coptes qu’aux musulmans. Ces “jizyas”, contributions spécifiques aux non-musulmans, étaient perçues comme injustes et humiliantes par la population copte.

• Restrictions religieuses:

Les Coptes étaient confrontés à des limitations dans leur pratique religieuse. La construction de nouvelles églises était souvent interdite, et certaines traditions chrétiennes étaient réprimées. Cette limitation de leurs libertés fondamentales alimentait le ressentiment.

• Absence de représentation politique:

La société égyptienne était dirigée par une élite musulmane, tandis que les Coptes étaient exclus des instances décisionnelles. Cette absence de voix dans le système politique renforçait leur sentiment d’injustice et d’exclusion.

L’émergence du mouvement insurrectionnel:

La révolte des Coptes fut initiée par un moine renommé nommé Shenoute, surnommé “le Lion de l’Égypte”. Ce personnage charismatique, connu pour sa piété et son éloquence, décria publiquement les injustices subies par les Coptes.

Shenoute rassembla autour de lui une multitude de fidèles partageant son indignation. Les rumeurs d’une révolte se propagèrent rapidement à travers le delta du Nil.

En 829, la rébellion éclata. Les Coptes, armés de bâtons et autres armes rudimentaires, attaquèrent les garnisons musulmanes, incendièrent des bâtiments gouvernementaux et se livrèrent à des pillages ciblés contre la richesse musulmane.

La répression abbasside et ses conséquences:

Le califat abbasside réagit avec une fermeté sans précédent. Des troupes bien équipées furent envoyées en Égypte pour écraser la révolte. Le mouvement, dépourvu d’organisation militaire solide, fut rapidement maîtrisé.

Shenoute fut capturé et exécuté publiquement après avoir subi de terribles tortures. La répression fut brutale: des milliers de Coptes furent massacrés, leurs églises rasées et leurs biens confisqués.

La révolte des Coptes fut un échec sanglant. Cependant, elle a laissé une trace indélébile dans l’histoire de l’Égypte.

Héritage complexe d’une résistance oubliée:

• Un symbole de résistance: Malgré sa défaite, la révolte des Coptes demeure un exemple courageux de résistance face à l’oppression.

Elle témoigne du refus des Coptes de se soumettre passivement aux injustices et a contribué à maintenir une identité collective forte au sein de cette communauté religieuse.

• Une cicatrice profonde: La répression sanglante qui suivit la révolte eut un impact durable sur les relations entre musulmans et coptes en Égypte.

Elle alimenta la méfiance et la peur, contribuant à créer un climat de discrimination qui perdurera pendant des siècles.

Conclusion:

La révolte des Coptes est un événement historique complexe qui nous invite à réfléchir sur les thèmes universels de la justice sociale, de la tolérance religieuse et du pouvoir.

En étudiant cet épisode souvent méconnu de l’histoire de l’Égypte, nous pouvons mieux comprendre les dynamiques sociales et politiques qui ont façonné cette région cruciale pendant le Moyen Âge.